ConstruireDécorer

Chaux hydraulique ou aérienne : comment choisir la bonne chaux ?

La chaux est un matériau de construction issu de la cuisson du calcaire. Les calcaires d’origines naturelles sont cuits, avant d’être broyés pour devenir de la chaux sous la forme que l’on connaît.

La chaux est aujourd’hui redevenue un matériau noble et plébiscité. Longtemps délaissée au profit du ciment, elle revient aujourd’hui sur le devant de la scène. Ses caractéristiques et le fait qu’il s’agisse d’un produit sain, polyvalent et traditionnel sont particulièrement appréciés. L’offre ne cesse aujourd’hui de s’élargir et il est parfois difficile de s’y retrouver, en particulier en tant que novice. Cet article vise, sans prétention, à dégrossir le tableau. 

Fabrication de la chaux et généralités 

Nous n’allons pas ici revenir sur les origines de la chaux et sa découverte, même si l’histoire est intéressante, et que cela prouve encore une fois que le hasard et la nature font bien les choses. Je viens en principe d’éveiller votre curiosité, alors pour ne pas faire de déçus, je vais vous raconter l’origine possible de la découverte de la chaux. Ce serait en utilisant des roches calcaires afin de délimiter un feu sur lequel il avait plu, que le processus de fabrication et le pouvoir liant de la chaux auraient été découverts. Histoire à mettre entre de gros guillemets, la température d’un feu de ce type n’aurait sans doute pas été suffisante pour obtenir de la chaux.

Cependant, scientifiques et historiens sont plutôt d’accord pour dire que l’on utilise la chaux depuis environ 14 000 ans. Elle a par exemple été utilisée lors de la construction des pyramides ou de la grande muraille de Chine. 

La chaux est donc fabriquée à partir de roches calcaires. On dit d’ailleurs que c’est la chaux qui donne son nom au calcaire et non pas l’inverse. Pour obtenir un matériau utilisable dans la construction ou la rénovation écologique, il faut obtenir de la chaux éteinte à partir de ces roches calcaires.  Il y a alors deux étapes indispensables dans le processus de fabrication de la chaux éteinte. Dans un premier temps, l’évacuation de gaz carbonique qui se fait par calcination (cuisson à très haute température des pierres) va permettre d’obtenir de la chaux vive. Dans un second temps, on pulvérise de l’eau sur la chaux vive. Cette projection d’eau va entraîner une réaction dite exothermique (dislocation, foisonnement et création d’une forte chaleur) : ça y est, la chaux est éteinte.  

Quelle est la différence entre la chaux vive et la chaux éteinte ?

La principale différence qui nous concerne ici est que les utilisations ne sont pas les mêmes. Dans notre cas, seule la chaux éteinte va nous intéresser, la chaux vive n’étant pas utilisée en maçonnerie.

Tout le monde connaît la différence la plus célèbre entre la chaux vive et sa cousine éteinte. En effet, une brûle beaucoup (vive) et l’autre brûle moins (éteinte). Pour vous aider à comprendre pourquoi, il existe une image assez simple : la chaux vive a soif, la chaux éteinte a eu à boire. La chaux vive sur la peau va, en quelque sorte, boire l’eau des cellules, ce qui va entraîner les brûlures. C’est pour cette raison qu’il faut ajouter de l’eau au cours du processus de fabrication pour obtenir de la chaux éteinte.  

Attention toutefois, ce n’est pas parce qu’une chaux est éteinte qu’elle est totalement inoffensive. Il convient de toujours l’utiliser avec précaution et équipements adaptés afin de se protéger la peau, les muqueuses ainsi que le système respiratoire. 

Différences entre la chaux et le ciment ? 

Pourquoi utiliser la chaux alors que nous avons un liant appelé ciment, qui a largement fait ses preuves au cours du siècle passé ? Si aujourd’hui l’utilisation de la chaux comme liant dans le bâtiment reste très marginale, il faut savoir qu’avant la seconde guerre mondiale la quasi-totalité du liant utilisé était de la chaux. 

Si pour les constructions d’immeubles ou de grands collectifs, le ciment va sans doute rester la norme pendant encore quelques dizaines d’années, il présente des inconvénients qui pourraient permettre à la chaux de reprendre la tête du classement des liants dans les constructions plus petites. En effet, la tendance est aujourd’hui soit à la rénovation des bâtiments anciens, soit à la construction de maisons de plus en plus écoresponsables. La chaux permet une bien meilleure perméabilité à l’air et régule bien plus efficacement l’humidité. Mais elle est aussi et surtout parfaitement compatible avec les bâtiments anciens contrairement au ciment. 

La chaux permet d’obtenir et de maintenir une atmosphère saine à l’intérieur d’une habitation, du fait de sa capacité à laisser respirer le bâtiment, ce que le ciment ne sait pas faire. Il est important aujourd’hui de travailler sur la qualité de l’air intérieur afin de réduire le volume de polluants et d’allergène respirés au quotidien. À noter également que la chaux peut être mélangée à du liège ou du chanvre par exemple, afin d’isoler thermiquement votre habitation.

Maintenant que vous savez dans les grandes lignes ce qu’est la chaux, je peux vous annoncer qu’il existe deux grandes familles de chaux éteintes utilisées dans le bâtiment. Il existe les chaux hydrauliques et les chaux aériennes, et c’est ici que ça se complique, du moins que ça a l’air de se compliquer. 

Chaux aérienne CL90 DECORCHAUX

La chaux aérienne en poudre idéale pour la réalisation de tous types de travaux de finition (enduits, laits de chaux, stucs...)

Chaux hydraulique ou chaux aérienne ? 

Propriétés techniques et domaines d’utilisation différents, mieux vaut connaître la différence entre les chaux aériennes et les chaux hydrauliques avant de passer à la caisse. 

Chaux hydraulique : NHL 

Tout d’abord, comme son nom l’indique, la chaux hydraulique réalise sa prise à l’eau, elle n’a pas besoin d’air pour prendre. Utilisée du gros au second œuvre, la chaux hydraulique propose une dureté et une force bien plus élevée que la chaux aérienne. 

Cette résistance est due à la présence de silice, dans une proportion plus ou moins élevée au sein de la composition de ces chaux. La silice peut provenir du quartz, de l’argile, du silex… La résistance des chaux hydrauliques est exprimée grâce à l’indice NHL (Natural Hydraulic Lime), un indice de résistance en mégapascal. Plus l’indice sera élevé, plus la teneur en silice est élevée dans la chaux et plus elle sera résistante et dure.  

NHL 2 : 

Idéale pour réaliser des mortiers et des enduits à la chaux très souples, la chaux NHL 2 est la plus souple des chaux hydrauliques, elle contient entre 5 et 8% de silices. Ces chaux permettent d’apporter de la souplesse et de la maniabilité aux mortiers. C’est également la chaux hydraulique qui possède le temps de séchage le plus long, c’est donc la moins sensible aux fissures. Cela lui permet d’être utilisée en revêtement de finition ainsi que sur des supports souples comme le torchis, le pisé ou les briques de terre crue. 

NHL 3,5 : 

La polyvalence de la chaux NHL 3,5 est son principal atout, plus dure et plus résistante que la NHL 2, elle est plus souple et donc moins cassante que la NHL 5. Les chaux hydrauliques NHL 3,5 possèdent entre 8 et 14% de silice. 

Elle peut être utilisée dans de nombreuses situations comme la réalisation d’enduits, de mortiers de collage, de maçonneries légères ou de mortiers de rejointoiement. 

NHL 5 : 

La chaux hydraulique NHL 5 est la plus dure est la plus résistante de toutes les chaux grâce à ses 14 à 20% de silices argileuses. Le temps de séchage d’une chaux NHL 5 est également le plus rapide ce qui est un avantage mais également un inconvénient car cela entraîne un plus grand risque de fissures.

Étant plus résistante, elle permet des utilisations dans le gros œuvre, l’utilisation pour des fondations ou des soubassements est tout à fait envisageable pour le bâti ancien. Les chaux NHL 5 se dilatent et se rétractent moins que les autres chaux une fois sèches. En revanche, elles seront plus grises, moins souples et légèrement moins perspirantes également. 

Celle-ci est également fortement conseillée pour les bétons de sol dans le bâti ancien.

Chaux aérienne : CL

La chaux aérienne est plus souple que la plus souple des chaux hydrauliques, qui je vous le rappelle, est la NHL 2. Elle est principalement utilisée pour les enduits de finition de faibles épaisseurs (4 à 5mm) ainsi que pour la réalisation de badigeons et peintures à la chaux. La chaux aérienne est une chaux nettement plus pure et donc plus blanche que les chaux hydrauliques. La chaux CL90, à titre d’exemple, est certifiée pure à 90%. 

Les chaux aériennes sèchent lentement ce qui permet d’éviter l’apparition de fissures sur un revêtement de finition à la chaux. Elle se mélange aussi très bien aux pigments naturels. Le nombre de finitions, de techniques d’application et de couleurs possibles est quasiment illimité. 

La chaux aérienne effectue sa prise à l’air, c’est ce qui lui permet d’être parfois présentée en pâte. La chaux en pâte permet d’obtenir des enduits plus résistants. Attention à la chaux aérienne en pâte, c’est la plus agressive des chaux éteintes, il convient de la manipuler avec toutes les précautions nécessaires.  

Pour résumer et vous quitter sur une idée simple : 

La chaux hydraulique est utilisée pour la maçonnerie, gros et second œuvre, elle est classée selon trois degrés de résistance, NHL 2, NHL 3,5 et NHL 5. La chaux aérienne quant à elle est plus souple et plus blanche, c’est pour cela qu’elle est principalement utilisée pour les enduits de finition.  


1 Comment
  1. Reply
    AGOSTINI 3 janvier 2020 at 23 h 42 min

    Excellent article, bien documenté. Il ne reste plus qu’à choisir sa chaux, à se retrousser les manches et à se mettre au boulot ! Cordialement vôtre ./.

Laisser un commentaire

4 × quatre =

Menu